Sous-directeur général de la FAO
COP16 à la CNULCD: le rôle de la FAO dans la construction de systèmes agroalimentaires résilients et la restauration des paysages de la région NENA

©©FAO/Anwar Amro
Alors que les yeux du monde entier se tournent vers Riyad, en Arabie Saoudite, à l’occasion de 16ᵉ Session de la Conférence des parties (COP16) à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), l’urgence de combattre la dégradation des terres et la désertification occupe le devant de la scène. Pour la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (NENA), où les terres dégradées et la pénurie d’eau sont des défis aigus, la COP16 à la CNULCD se présente comme une plateforme centrale pour fournir des solutions transformatrices, non seulement innovantes, mais également essentielles pour le développement durable et la résilience climatique.
Restauration et gestion durable des terres: reconstruire les écosystèmes pour renforcer la résilience
La dégradation des terres dans la région NENA menace la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance des populations rurales et la santé des écosystèmes. La proportion de terres dégradées a augmenté de façon alarmante au cours des dernières décennies1, passant de de 40 à 70 pour cent. Au total, 5 millions d’hectares ont été perdus entre 1990 et 20202; sachant que l’Arabie Saoudite et l’Émirats arabes unis disposent de moins de 1 pour cent de terres arables.
Lors de la COP16 à la CNULCD, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) insistera sur le besoin urgent de mettre en œuvre des pratiques durables de restauration des terres comme voie pour revitaliser les paysages dégradés, d’améliorer la santé des sols et de protéger la biodiversité.
À travers des approches de gestion intégrée des terres, la FAO entend permettre aux pays de la région de faire face aux impacts immédiats de la dégradation des terres et d’établir une résilience à long terme face aux défis climatiques. Ces efforts soulignent le rôle des systèmes agroalimentaires en tant que solutions centrales pour lutter contre les crises climatiques et atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres. Ils s’alignent ainsi sur la Priorité 3: Rendre l’agriculture plus verte: faire face à la pénurie d’eau et assurer la durabilité environnementale et l’action climatique, dans le cadre des priorités régionales de la FAO.
Renforcer la résistance à la sécheresse et lutter contre la désertification
Les sécheresses ont entraîné des pertes économiques de 70 milliards de dollars en Afrique au cours des 50 dernières années, et leur gravité et leur fréquence croissantes ont eu un impact sur les systèmes hydriques et alimentaires3 de la région NENA. L’agriculture consomme 85 pour cent des ressources en eau renouvelables4 de la région, mais 60 pour cent de l’approvisionnement en eau provient de zones à l’extérieur de ses frontières, ce qui complique davantage la gestion des ressources5. Avec la hausse des températures qui devrait atteindre 4,8°C d'ici à la fin du siècle, ces défis devraient empirer6.
Lors de la COP16 à la CNULCD, la FAO se concentrera sur le renforcement de la résilience à la sécheresse par la promotion de technologies avancées, des systèmes d’alerte précoce, des pratiques durables de conservation de l’eau, et en tirant parti de la digitalisation et de l’intelligence artificielle (IA). Ces outils permettent une gestion plus intelligente des ressources, améliorent les capacités prédictives pour la surveillance de la sécheresse et soutiennent une allocation plus efficace des ressources en eau. Ces efforts s’alignent sur l’Initiative régionale de la FAO sur la rareté de l'eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord, qui œuvre à optimiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau et à assurer une gestion durable de l’eau dans toute la région.
Autonomisation des femmes et des jeunes en matière de gouvernance foncière
Un avenir durable pour la région NENA est tributaire de l’inclusion des femmes et des jeunes dans la gouvernance foncière. Nonobstant leur rôle crucial dans l’agriculture et la gestion des ressources naturelles, les inégalités systémiques font que les femmes possèdent moins de 7 pour cent des terres agricoles de la région et se heurtent à des obstacles qui les empêchent d’accéder aux ressources et à la prise de décision7. De même, les jeunes ont un accès limité à la terre et aux services financiers, ce qui exacerbe leur vulnérabilité face aux défis environnementaux.
Lors de la COP16 à la CNULCD, la FAO mettra en avant ses initiatives visant à autonomiser les femmes et les jeunes en leur fournissant des outils, des formations et une plateforme de participation aux processus de gouvernance. La gouvernance inclusive ne fait pas qu’aborder les inégalités systémiques, mais renforce également les systèmes agroalimentaires, en veillant à ce qu'ils soient résilients, équitables et mieux équipés pour relever les défis de la dégradation des terres et du changement climatique.
Renforcer les liens entre les zones urbaines et rurales pour des systèmes alimentaires durables
L’urbanisation rapide transforme la région NENA, dont 73 pour cent de la population devraient vivre dans les villes d’ici à 20508. Ce changement démographique accroît la demande pour la nourriture et les ressources naturelles, mettant à rude épreuve les systèmes agricoles ruraux et les infrastructures urbaines. Lors de la COP16 à la CNULCD, la FAO abordera ce défi en présentant des stratégies visant à renforcer les liens entre les zones urbaines et rurales en impliquant les producteurs ruraux dans les systèmes alimentaires urbains. Ces efforts favorisent l’accès à des aliments nutritifs tout en réduisant les impacts environnementaux et en encourageant le développement durable.
Gestion de l’eau: garantir les ressources pour les générations futures
La pénurie d’eau reste l’un des défis les plus pressants dans la région NENA. La plupart des pays de la région disposent de moins de 1 000 mètres cubes d’eau par habitant et par an et dépendent fortement du dessalement de l’eau et de l’extraction des eaux souterraines, ce qui exerce une pression insoutenable sur les ressources.
Lors de la COP16 à la CNULCD, la FAO plaidera en faveur de solutions collaboratives pour faire face à la pénurie d'eau, notamment les technologies d’économie d’eau, les systèmes d’irrigation améliorés et la gestion intégrée des ressources. Ces approches sont primordiales pour maintenir la productivité agricole tout en sauvegardant les ressources en eau pour les générations futures.
Consolider l’innovation, les politiques et le financement
L’ampleur des transformations nécessaires pour lutter contre la dégradation des terres et la désertification requiert des cadres politiques robustes, des technologies innovantes et des investissements financiers considérables. Lors de la COP16 à la CNULCD, la FAO appellera à adopter des mécanismes de financement qui priorisent les communautés agricoles, garantissant ainsi que les ressources atteignent ceux qui sont le plus affectés par les défis environnementaux.
Le Cadre d’investissement régional pour le développement intégré et les solutions de restauration des écosystèmes au Proche-Orient et en Afrique du Nord est une initiative clé mise en exergue lors de la COP16. Ce cadre promeut des approches intégrées de la restauration des terres en réunissant les investissements des secteurs public et privé pour soutenir des projets durables à grande échelle et qui renforcent la sécurité alimentaire, encouragent l’écologisation de l’agriculture, améliorent les moyens de subsistance et renforcent la résilience au changement climatique dans toute la région.
En intégrant les systèmes agroalimentaires dans les stratégies régionales et mondiales, la FAO appuie les actions transformatrices qui s’attaquent à la dégradation des terres tout en favorisant les progrès vers le développement durable et la résilience.
Un appel à l’action
Les défis auxquels est confrontée la région NENA sont symptomatiques d’une crise mondiale qui exige une action immédiate et collective. Par ses interventions à la COP16 à la CNULCD, la FAO réaffirme son engagement en faveur de solutions qui privilégient la durabilité, l’inclusion et la résilience.
Le Cadre d’investissement régional susmentionné est au cœur de cet effort. En encourageant les partenariats, en responsabilisant les communautés et en tirant parti d’approches novatrices, la FAO aborde les défis uniques de la région NENA tout en créant un précédent pour l’action mondiale contre la dégradation des terres et la désertification.
Au fur et à mesure que nous avançons, les résultats de la COP16 à la CNULCD conduiront à un changement transformateur, façonnant un avenir dans lequel la gestion durable des terres et les systèmes agroalimentaires favorisent la résilience et la prospérité. Saisissons cette occasion pour garantir qu’aucune région, aucune communauté et aucun individu ne soit laissé pour compte dans la lutte pour une planète durable.